lundi 3 mars 2008

Les lecteurs nous écrivent

Une mise au point sur un mot malheureux

Un lecteur érudit signale à l’attention de nos lecteurs que l’incident survenu l’autre jour dans les travées du salon de l’agriculture ne saurait émouvoir que les jocrisses et les jésuites, pour n’en rester qu’à la lettre j.
En effet, nous dit-il, l’algarade entre un homme politique de petite taille bien connu et un grand nigaud de Français moyen s’inscrit dans une tradition historique dont on retrouve la trace depuis le règne de Brunehaut, laquelle le paya assez cher pour qu’on s’en souvienne. Il y a belle lurette que l’invective virile entre puissant et manant existe dans notre cher et vieux pays. Sans remonter jusqu’à Clovis, brave garçon aux réparties un peu vives, ou à Charles IX qui n’a pas toujours été d’une courtoisie exemplaire, envers, par exemple, nos amis du culte réformé (faut-il rappeler son attitude des plus grossières lors du mariage de sa sœur qui en laissa plus d’un abasourdis ?), sans même évoquer un récent général à la retraite qui traita ses compatriotes de veaux, on trouve de façon récurrente, avec plus ou moins de bonheur et de talent, des échanges ornithologiques entre gouvernants et gouvernés.
Car en fait, que reproche-t-on à notre président de la République ? D’avoir qualifié un c.. de « pauvre », voilà ce qui chagrine une opinion publique de plus en plus envieuse et mesquine. Or il y a fort à parier que notre c.., en ces temps de rigueur, fût très vraisemblablement pauvre, sans d’ailleurs qu’il y ait à rougir, cela peut arriver à n’importe quel crétin. Et l’on voit mal le président de la République traiter quelqu’un de « riche » c.., sans être aussitôt suspecté de le connaître personnellement – et par là, ainsi que l’a rappelé fort à propos M. Raffarin, de régler en public une querelle privée. En outre, l’on se demande bien pourquoi le leader du camp libéral irait insulter un riche à la face du pauvre monde et se priver ainsi, d’un mot mal choisi, de ses soutiens naturels. Imagine-t-on le président de la République traiter (je prends cet exemple au hasard) M. Gautier-Sauvagnac de « pauvre c.. » ? Évidemment non. Ce serait ridicule de la part de M. Sarkozy et, je n’hésite pas à le dire, attentatoire à sa fonction de la part du chef de l’État. L’on sait très bien que M. Gautier-Sauvagnac, à qui on pourra reprocher bien des choses, ne saurait être accusé d’indigence. M. Sarkozy ne brille peut-être pas par un langage châtié, c’est entendu, mais il sait faire la part des choses. Enfin je rappelle aux étourdis que le président de la République est aussi, ès qualité, Haut Protecteur de l’Académie française, qu’en conséquence on peut supposer qu’il connaît le sens des mots et sait ce qu’il dit. S’il a traité de « pauvre » un quidam dans la foule, ne doutons pas que celui-ci ne doit pas valoir bien cher.
Il était donc normal, pour ne pas dire naturel, que le chef de l’État traitât de pauvre con un imbécile certainement dans la gêne, même momentanée.
L’opinion publique est bien nerveuse ces temps-ci, pour s’émouvoir d’un tel fait divers. Il serait temps que les Français se ressaisissent !

Maître Folace, notaire

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quelques précisisons à l'attention de notre éminent professeur.
Le mot "con" vient du mot latin "cunnus" qui ne renvoie pas au naturisme comme le prétend la Mannick de Portvarech mais à l'anatomie féminine. En latin, cunnus, c'est la vulve, devenu "con” pour le vulgaire au Moyen Âge. On dit encore "moule" dans certains ports. Tout ça pour dire que le "con” n'est pas a priori un mot insultant. Il le devient lorsqu'il est accompagné d'un qualificatif; sale, petit, grand… auquel cas il ne fait plus aucunement référence à la morphologie féminine. A contrario, un gentil ou un agréable et douillet petit "con" peut même, à l'occasion, tenir du compliment.
M. Lachatte