samedi 8 mars 2008

Témoignage

C'était Jérôme, les jours s'en vont, mais les chansons demeurent

Par Edith Parade



Il me souvient que, petite fille, je passais des heures l'oreille collée au transistor. J'ai connu mes premiers émois amoureux en plein été indien. Il s'appelait Julien mais ressemblait à Mike Brant. C'était si fort entre nous. "On ira où tu voudras quand tu voudras", me sussurait-il à l'épaule de son souffle court mais chaud. "Et on s'aimera encore lorsque l'amour sera mort", répétait la radio en écho. Avec ma première robe longue, je ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin. Pas très pratique d'ailleurs sur la plage, les pieds dans les rigadeaux et le goémont !! Je me souviens encore très bien de ce matin là, il y a un siècle, une éternité...

Vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont mais je demeure. Alors que l'on célèbre le trentième anniversaire de la mort de Clo-Clo, une douce nostalgie m'envahit. Faut-il qu'il m'en souvienne, la joie venait toujours après la peine, alors ne soyons pas tristes, comme disaient de jeunes et beaux marins, concurrents de La Barquera, rencontrés à Gijon au pied de la statue d'Hervé Vilard. C Jérôme venait lui aussi de nous quitter. C'était Jérôme disaient ces mêmes marins, amateurs de bons mots.C'était d'ailleurs curieux leur besoin de faire des phrases !! C Jérôme chantait comme une casserole, mais il était tellement gentil !! Et puis, à côté des écervelés lobotomisés et clonés de la Star'Ac, C Jérôme ferait presque figure aujourd'hui de chanteur à texte engagé et rive gauche !

A cette époque, où Paul Preboist rappelait sur grand écran "qu'un tracteur, c'est comme une brosse à dents, ça ne se prête pas, c'est personnel ", je passais mes nuits d'été, indiens, forcément, à courir les boums. C'est alors que j'ai succombé au charme d'Aurélien Plumeau. "La guerre est finie, dansons", m'a-t-il dit en souriant. Et ce fut "Bang-Bang" de Sheila.

Une statue Mike Brant à Avilès

Les années ont passé, Le vent souffle sur ma peine, la mer houle à la mort, mais ma joie demeure. Entre ici C'était Jérôme, avec ton cortège d'ombres des hit parades. Dans mon panthéon des années 70, siècle des lumières de la variété française, je revois Hervé Vilard, même si Capri c'est fini. Défilent aussi sur le plateau de Maritie et Gilbert Carpentier François Valery, Stone et Charden, Michel Delpech, Nicoletta, Clo-Clo, Mike Brant bien sûr, et tant d'autres !

J'ai appris que ces mêmes marins de La Barquera, qui n'ont pas changé comme nous le chanterait si bien le beau Julio, s'apprêtent à inaugurer une statue de Mike Brant à Aviles, non loin de Gijon en Espagne. Vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont, mais les grands artistes des années 70 demeurent.

Edith Parade

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Peut-être, Madame, le saphir de mon amertume ne creusera-t-il son microsillon que sur le vinyle de votre mépris, mais je dois à la vérité de le dire : vous m'avez blessée.
Certes pas parce que vous laissez accroire par une subtile déformation du patronyme du grand Mike - qui prit à jamais son envol dans nos mémoires - que l'inventeur de la Folle journée pourait se prénommer Arthur. Non point.
"Les souvenirs ont bloqué ma porte
Et de ma peine il faut que je sorte
Pour oublier cette fille qui m'a meurtri
Je dois reprendre enfin goût à la vie."
Comment avez-vous pu oser ne pas citer dans votre pourtant pertinent panthéon de l'art pompidolien, l'interprête de ces vers inoubliables, que seule une distraction coupable empêcha le Président Pompidou de citer dans son anthologie de la poésie française, j'ai nommé M. Ringo.
Oh ! Je le sais. Vous objecterez que les souvenirs susdits auraient mieux fait de bloquer la fenêtre de Mike que la porte de Ringo. Mais tout de même ! Faites-moi la grâce, Madame, de ne plus offenser ainsi la mémoire de notre pré-adolescence tourmentée.
Votre bien dévouée.

Denise Blazer

Anonyme a dit…

Chère Denise Blazer,

Afin de ne point altérer la beauté du témoignage d'Edith Parade, nous avons rétabli le patronymede Mike Brant dans son intégrité.

Quant à Ringo, nous nous associons bien volontiers à le peine qu'a pu engendrer un tel oubli, mais telle est la volonté de Mme Edith Parade.

Le comité éditorial

Anonyme a dit…

Merci Edith,

C'est beau, émouvant, rafraichissant, ébouriffant.

Michel D, Paris