lundi 10 mars 2008

Histoire

La lettre de Guy Mollet à ses enfants


Mes chers enfants,Lorsque vous lirez cette lettre, je ne serai plus - et pour tout vous dire cela me laisse froid.Vous n’imaginez pas tout ce que j’ai enduré avec un nom pareil. Guy encore, je ne dis pas, on peut vivre avec. Prenez Guy l’Éclair, dont un grand journal nantais porte encore le nom, ou Guy Béart, Guy Bedos, Guy Drut, Guichard, Guigou, Johnny Guitare, Yannick Guin, et même, n’ayons pas peur des mots, Guy Lorant…
Mais Mollet, je vous demande un peu !Comme l’œuf du même nom, mon destin politique était tout tracé : ni trop cuit ni trop cru, ni dur ni au plat, tout juste mou. Victime en 1969 de la barbarie mitterrandienne de sinistre mémoire, avec moi s’éteignit tout espoir de grand soir, de rupture avec le capitalisme, de dictature du prolétariat, et même d’aimons-nous les uns les autres, comment dirait Ségolène, ou de la multiplication des pains, comme l’a récemment écrit Jospin dans la gueule.En un mot, la social-démocratie. Je sais, ça fait deux mots, mais avec les socialistes, ne sommes-nous pas en droit d’en attendre toujours plus ?
D’ailleurs, savez-vous pourquoi la social-démocratie est le seul régime supportable ? Parce qu’il n’y a pas d’exemple, dans le monde entier, de dictature social-démocrate (sauf à Nantes, mais là ça compte pas, c’est une expérience pilote).Non, je ne souhaite pas à mon pire ennemi de s’appeler Mollet. Et encore moins Mollette, soit dit en passant. Je vous fais grâce des vas-y mollo et autre Molay au bûcher...
Depuis Philippe le Bel, les annales des congrès socialistes en sont remplies de ces petites phrases qui font mal et détournent les Français du vrai débat participatif.Non, comme dirait Laurent Fabius.Remarquez bien, j’aurais pu m’appeler Édith Cresson que ça n’aurait pas été facile non plus. Ou Bernard Tapie. Ou Jacques Faizant. Ou Cécile Petident. Ou Gérard Potiron. Ou Paris Hilton, celle qu’on tire au Courtepaille.
Et puis c’est mal de se moquer du nom des gens.C’est pourquoi, en vérité je vous le dis, comme aurait pu le dire Ségolène, ayons en cet instant solennel une pensée pour nos chers disparus : mon cœur s’étreint à l’évocation de leurs noms… Jean Jaurès, bien connu des antiquaires nantais, Léon Blum, Pierre Mendès-France, Gaston Deferre, Pierre Bérégovoy, François de Grossouvre, Roger-Patrice Pelat, Jean-Christophe Mitterrand… Et encore plus près de nous, Dalida, Pascal Sevran, Jean-Marie Bockel, Bernard Kouchner, Jack Lang ! Ah ! Chers disparus ! Entrez ici, avec votre cortège de Safranes noires ! Et laissez-vous contempler par les générations futures, dont on se demande bien qui paiera les retraites. Mais du passé faisons table basse, comme aimait à le répéter Jack Lang en pillant le Mobilier national – Jack Lang, dont on ne dira jamais assez tout ce qu’il fit pour le design divers et les marchands de saucisses merguez quand vient l’été.Et puis les jeunes, hein, on se demande si mollet ça veut encore dire quelque chose pour eux, mis à part ce qui gonfle sous le short informe du nabot à gros cul d’origine hongroise marié à une angine blanche récemment veuve, hélas pas du bon mari.Mais ça, c’est une autre histoire…Allez les petits !

Signé : Guy Mollet

(Lue le 5 octobre 2007 au SNUC lors du tournoi de rugby fêtant le vingtième anniversaire de la noble et festive agence nantaise DOUBLE MIXTE)

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