mardi 6 mai 2008

Sol y sombra

Côtes de Duras, mon amour

Non, messieurs les salisseurs de mémoire, non ! non ! non ! et encore non ! Marguerite Duras n’était pas cette barrique ibérique que vous exhibez à la une de votre périodique. En voici la preuve indubitable et géographique : Marguerite Duras, 2000 hectares, est bordée par le Marmandais, le Bergerac et l’Entre-Deux-Mers. On trouve ses traces jusqu’au XIIe siècle et en Cochinchine, mais rien sous l’Inquisition, nada en Corridaland.
La publicité pour les Côtes du Duras, forcément Duras, n’hésite pas à se réclamer d’ « un pays pour les blancs », supérieurs aux rouges par « leur caractère gras, ample et complexe ». Comment mieux définir Marguerite Duras, alias Marguerite, Germaine Donnadieu, qui ajouta qu’il est du devoir « des races supérieures de civiliser les races inférieures » en 1940, grand cru s’il en est ?
Donc rétablissons l’historique vérité, olé !
Sincèrement alcoolique, Marguerite rejoint le réseau Mitterrand dans la Résistance et se met du coup à réaliser des œuvres expérimentales : elle fréquente le Sonderführer Gerhard Heller, ministre de la Culture sous Lacombe Lucien, et pousse même l’avant-gardisme jusqu’à se farcir Charles Delval, membre actif de la branche française de la Gestapo, qui fit arrêter son mari Robert Antelme*, lequel ne sera libéré qu’à la Libération (allitération quand tu nous tiens !), tandis que Mitterrand courra jusqu’en 1996, après une époustouflante carrière chez l’Oréal. Faut dire qu’il le valait bien.
Ivre de rage (et non pas beurrée comme une vache espagnole, nuance !) Marguerite adhère au Parti communiste en 44, tout en prenant soin de s’en faire exclure en 47, ce qui lui vaudra une longue amitié avec un certain Morland dont on perd la trace en 42 dans une ville d’eaux de l’Allier, auquel il n’a manqué qu’un « s » pour entrer dans l’Histoire par la grande porte, comme aurait dit Mon Général qui s’y connaissait en hauteur d’huisserie.
Disons-le franchement, les œuvres de Marguerite Duras ont ceci d’intéressant qu’elles durent longtemps, surtout les débuts.
Fatiguée par l’alcool, Marguerite fait une cure de désintoxication qui l’amène à soutenir en mai 68 les contestataires dont on n’a pas fini de parler de ce côté des Pyrénées, surtout ces jours-ci. Car là encore, tandis qu’en France nous luttions pour le droit imprescriptible à jouir sans entraves ni Mitterrand, les seuls chiffons rouges qui furent agités chez les Ibères furent des véroniques et non des marguerites, la preuve est ainsi définitivement établie de votre tentative de diffamation statuaire, hijos de duras, pardon, de putas !
Revenue à la lucidité, Marguerite achète un col roulé en 1975 et renoue avec l’alcool.
À partir des années 90, elle éprouve des difficultés physiques pour écrire, ce qui n’aura échappé à personne.
Pour en savoir plus : www.cotesdeduras.com

Maître Folace, notaire

*Sans déconner, Robert Antelme a écrit le plus beau libre sur la déportation avec Si c’est un homme de Primo Lévi : L’espèce humaine (éd. Gallimard), à lire impérativement plutôt que de dire des conneries. À lire aussi La Douleur de Marguerite Duras, récit de cette période chez P.O.L.

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