mardi 6 mai 2008

Lucien Jeunesse, si tu nous regardes !


J’ai pleuré ce matin comme tous les auditeurs de Paris Inter. Lucien a plié son ombrelle. Fière de son passé, délibérément tournée vers l’avenir grâce aux actions incommensurables de ses divers gouvernements successifs, la France vient de perdre un de ses plus humbles serviteurs. Le peuple gaulois actuellement voué au bling bling vient en effet de voir disparaitre le chantre du ding ding. La jeunesse passe, mais fort heureusement la mémoire demeure. Un homme pudique, jouisseur et raffiné, coquet et malgré tout saltimbanque, vient de gagner le Super Branlo. Souvenez-vous. Les repas familiaux où les conversations s’arrêtaient à 12 h 45. Chers amis bonjour ! Questions bleues, blanches et rouges figeaient nos attentions. La vie ne tenait qu’au xylophone d’un certain monsieur Le Pendu, triste ouvrier du service public, technicien de l’ORTF, besogneux et néanmoins chauffeur du maître. Votre saucisse purée avalée, vous étiez fiers de la réponse trouvée par votre grand-père, un homme exceptionnel ayant participé en 1964 aux Jeux des Mille Francs à Sainte-Pazanne, commune fière de son passé et délibérément tournée vers l’avenir grâce à l’action de sa municipalité. Lucien Jeunesse s’en est allé. Ses amis du musical, du Radio Circus et du cirque Pinder, son épouse Odile, peuvent légitimement verser comme nous tous une larme. À demain mon cousin. Chers amis bonjour. Jeune éphèbe, j’avais participé dans les années 80, plutôt dans la fin des années 80, à l’un de ses enregistrements à Nantes, ville qui n’était pas encore sous le règne d'un prof d’allemand de l’est mais néanmoins délibérément tournée vers l’avenir. Les Marches du Bon-Pasteur grouillaient de monde. Incroyablement sélectionné pour participer à l’émission culte, je me retrouve associé à une charmante dame. Prof ou instit comme la majorité des participants. Arrivés au Super Branlo, alors que les mille francs nous tendaient les bras, cet innocent à la cravate à rayures et au blazer à carreaux nous souriait. Nous achoppâmes sur cette invraisemblable question qui me fait chier depuis maintenant plus de 25 ans. Qui a écrit Les guêpes ? Un certain Alphonse Karr. Merde. Je suis reparti avec une boite de jeu de l’ORTF et la queue basse. Pour ce grand souvenir, et à la mémoire de Lucien Jeunesse, ce soir je vais boire du Tulamore. Un breuvage qu’il avait découvert il y a deux à Nantes, sans modération, car cet homme était un jouisseur. Et comme tout le monde le sait, la jeunesse est éternelle.


Antoine Rouvière

1 commentaire:

olben a dit…

Stéphane Bern est en deuil

Tout le portrait de son père,
le brushing savamment sculpté,
le front dégagé d’intellectuel satisfait, les yeux malicieux et enjôleur et ce sourire de VRP de campagne en baleines de soutien-gorge de la ménagères de plus de 50 ans et cette bouche dessinant le V de la victoire sur l’audimat…
aucun doute ; c’est bien le fils de son père.