mardi 6 mai 2008

Révélation


La statue oubliée
de Marguerite Duras à Aviles



« Elle a bu toute la mer et ses poissons ». Devant la statue qu’il a sculpté de ses mains en hommage à la « Mujer de Hiroshima mi amor », Manolo ne peut retenir une larme.
Marguerite Duras, qui a collectionné les amants comme les bons crûs, était venue à Aviles, en cachette, tenter une énième cure de désintoxication. Le cidre des Asturies est si mauvais qu’elle se croyait protégée du terrible dicton « Qui a bu boira ».

Las, elle tomba surtout dans les bras de Manolo, qui ne souvient pas avoir bu de l’eau un jour.
Et à coup de vasos de Rioja, de Ribeira del Duero, de Jamones de bellota et de chipirones, Marguerite Duras gonfla terriblement, à tel point qu’elle a dû se résoudre à quitter son célèbre col roulé. Forcément !
« En deux mois, elle avait doublé de volume », se souvient Manolo. Alors elle repartie comme elle est venue, avec quatre grammes dans chaque poche, sourit ce vieil asturien qui n’a pas perdu le goût des bons mots !

« Elle venait juste d’être exclue du parti communiste. C’est vrai que c’est des coups à se remettre à boire », souligne justement ce franquiste sous Franco et Juan carliste sous Juan Carlos.
Manolo a caché à tout le monde la femme qui se dissimulait sous cette sculpture un peu bouffie, forcément et sublimement bouffie. Il aura fallu toute la sagacité de marins français en goguette pour découvrir la vérité. « Surtout n’en parlez à personne », nous a-t-il fait promettre. Mais à ces heures de la nuit, les promesses…

Farouche défenseur de la cause des Tibétains (sans doute pour la couleur rouge du drap du Dalaï Lama), Manolo ne veut pas entendre parler des jeux Olympiques de Pékin. Quel rapport avec la statue de Marguerite Duras me direz-vous ? « J’ai gardé un vieux livre d’elle, l’Empire français, où elle écrivit qu’on ne peut pas mêler cette race jaune à notre race blanche et qu’il est du devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures. C’est qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche la Duras », se souvient Manolo.
Bon, après, Marguerite décida d’entrer dans la résistance. La preuve : elle fréquenta François Mitterrand !

Désormais, Manolo perd doucement la raison à mesure que gonfle son foie. Il passe le plus clair de son temps à manger des sardines, forcément des sardines, en buvant de l’horrible cidre, seul devant sa télé, où il regarde en boucle l’Homme Atlantique, ce film où Marguerite Duras lisait un texte improbable sur une image complètement noire durant quarante minutes. Sacré Manolo….

Marcel Botafoin

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu l'as bien dit bouffie

Anonyme a dit…

Manolo est grand. Plus il est grand, plus il est seul, forcément

Anonyme a dit…

Marguerite Duras adorait réellement les chansons d'Hervé Vilard. Il est curieux de noter la proximité des statues de Marguerite Duras à Aviles et de l'interprète de Capri c'est fini, à Gijon. Y avez-vous simplement pensé ? Est-ce un acte manqué de marins inspirés ?

Anonyme a dit…

Votre internaute a parfaitement raison.
Marguerite Duras était effectivement fan d'Hervé Vilard : dans les années 80,elle
lui envoie quelques lettres admiratives.

"A chaque album, elle m'envoyait un petit mot
me disant qu'elle préférait ça ou ça,
avec beaucoup de délicatesse et de sournoiserie".

Une de ses lettres, postée de Rhodes,
finissait par ses mots :
"Je ne peux m'empêcher de penser à vous.
Continuez à être vous-même".

Hervé interprête une chanson de Marguerite
appelée "India Song" sur son CD paru en février 2004.


Dans le livre de Yann Andréa, compagnon de Duras de 1980 à 1996, Marguerite Duras révèle que "Capri" est la plus belle chanson au monde. Forcément !