Bonjour Louis, seizième du nom. Tu permets que je t’appelle Louis ? Coïncidence, quand tu nous tiens ? Figure toi, mon Altesse, que la date de ton raccourcissement est aussi celle de l’acte de naissance des élucubrations placides, nonchalantes mais courtoises des Curieux Marins qui ne font rien qu’à faire des phrases.Faut-il y voir un symbole ?
A priori non. Les membres du comité éditorial des Curieux Marins sont tous des républicains bon teint. Ils n’en sont pas moins humanistes éclairés. En leur nom, mon bon Louis, je me permets de te dire que ton procès ne fut pas un modèle d’équité. Tu aurais été défendu par Vergès ou Collard, on aurait compris ta condamnation à mort. Mais là ! On te moqua en t’appelant « Louis le dernier », ou Louis Capet et surtout en t’affublant d’un chef d’accusation à faire rougir de plaisir tous les Pol Pot et Pinochet de la planète : « conspiration contre la liberté et la sûreté générale de l’Etat ».
Et il n’y eut pas que les représentants des gueux à voter ta mort, mon Loulou. Ces félons orléanistes, pères spirituels des pétainistes, giscardiens et autres balladuriens, en ont fait de même. Qu’ils soient maudits, comme les rois du même nom !
Nous, comité éditorial, qui allons fêter ce soir avec force réjouissance notre premier anniversaire, symbole du retour de la pensée des Lumières en Loire-Inférieure, aurons une pensée pour toi. Il n’est pas impossible que nous rendions hommage à ton art consommé de la serrurerie au pied de cette colonne ornée de ta statue, en plein cœur de Nantes.
D’autant plus que tu fus le dernier à diriger la France en faisant de la marine une priorité politique. Grâce à toi, on continue de chanter « Et merde au Roi d’Angleterre » sur toutes les mers du monde.
A part ça, que te dire, mon bon Louis ? Nous sommes dirigés par un petit immigré hongrois, dont l’idée fixe semble d’imiter ce grand malade que fut Napoléon (tu peux pas connaître, il t’a succédé. Il a commencé révolutionnaire et a fini fasciste sanguinaire. Rassure-toi, c’est la coutume chez les révolutionnaires). Son prédécesseur au nain magyar, le grand Jacques, était, lui, dans la lignée des Rois fainéants. Fort sympathique, il nous faisait un peu penser à ton descendant Juan Carlos qui règne outre-Pyrénées. Comme tous les Bourbons, il n’était pas du genre à se tuer au travail, plutôt à faire bonne chère et à taquiner les formes de ses femmes de maison. Bref, un brave et bel homme.
Tu vas rire, mon Louis. Au nouveau monde, en Amérique, ils ont élu comme président un homme de couleur. Tu sais, de ceux dont nous avions emmené les aïeux en bateau pour faire quelques menus travaux champêtres (canne à sucre, coton, épices…).
A part ça, les finances mondiales ressemblent aux caisses que tu as léguées à ce vampire de Robespierre. Elles sont exsangues ! Bon, mon petit Loulou, repose-toi bien. Essaie d’apprendre à compter jusqu’à 20, ça vous aurait aidé dans le temps. Et à ce soir, où tu sais, quand tu sais !
PS. Sinon, on n’a toujours pas retrouvé La Pérouse.
Antoine Delafoye-Grandurbain
1 commentaire:
Messieurs de la Marine parlante,
Notre conseil privé nous apprend tantôt l'hommage que vous crûtes bon de rendre à notre aïeul martyr, Louis seizième Très-Chrétien, roi de France et de Navarre par la grâce divine. Nous en sommes fort affligés, non pas qu'il soit rendu par piétaille, vilains jacques, mécréants, hérétiques et flibustiers de votre espèce, mais parce qu'il joue de mauvaisetés et avec force confusion. Holà, tout doux mes bons ! Orléans ne saurait frayer avec Levantin, tout Balladur soit-il, non plus qu'avec d'Estaing dont les quartiers nous apparaissent d'une encre suspecte. L'argument est méchant, et si vérité il y a à savoir Philippe « Égalité » quelque peu tranchant dans la querelle de famille, notre branche ne tombe pas du même arbre que bourgeois emplumé, si dorés soient les basques d'icelui ; chaussettes rouges ne sauraient tromper âme de race, sauf à n'y voir goutte au delà du nez et à prendre leurs échasses sanglantes pour talons bien nés.
Philou de Chantilly
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