lundi 25 février 2008

Le génie nantais doit s’exporter
Aidons les Vénitiens à combler leurs canaux !

En gage d'amitié, il plaira à Nantes d'offrir le Maillé-Brezé à Venise.


Un récent voyage d’étude à Venise m’a convaincu de l’urgence de la mission à accomplir : Nantes doit exporter son génie, son savoir-faire pour permettre à la « Sérénissime » de sortir du moyen-âge où elle se trouve plongée depuis trop longtemps. Aidons les Vénitiens à combler leurs canaux, comme nos aînés ont su le faire en débarrassant notre ville de toute cette eau envahissante et malodorante.

Autrefois surnommée Venise de l’Ouest, les élus nantais ont su prendre la sage décision de tout remblayer, de casser les multiples ponts au romantisme petit bourgeois, au profit du bitume et de grandes artères dédiées aux autos, aux bus et aux tramways. Le Cours des 50 otages a quand même une autre gueule que le Rialto ou le Pont des Soupirs !

L’Etat et la compagnie d’Orléans (chemins de fer) ont montré la voie à suivre en réclamant le comblement des bras de la Loire. Quand on pense que le fleuve sauvage léchait les pieds des murs d’enceinte du Château des Ducs de Bretagne. Quelle horreur ! Il paressait ensuite autour des immeubles de l’ile Feydeau, célébrant ainsi le passé négrier de la ville.

A l’époque, on a fait appel à l’esthétisme tout en retenue du docteur ingénieur allemand Karl Hotz pour superviser les travaux de comblement et de détournement de l’Erdre. Le père du célèbre Gérard Hotz a commencé à donner à Nantes, par petites touches subtiles, cette culture de l’urbanisme minéral gris que l’on aime tant. Abattu par des résistants français devant le Castel (célèbre boîte de nuit de Loire-Inférieure), Karl Hotz nous a légués son œuvre… et son fils Gérard, recasé depuis à l’ORTF.

Tout n’a pourtant pas été aussi simple pour débarrasser Nantes du péril bleu. En 1934, le conseil municipal traînait des pieds pour finir de combler l’Erdre en centre-ville, au prétexte que cela favorisait la navigation et le tourisme. Balivernes ! Il n’y a jamais âme qui vive à Venise alors que les touristes du monde entier se pressent pour flâner Cours des 50 otages. La preuve, nous sommes obligés de construire un nouvel aéroport international à Notre-Dame-des-Landes !

Fort heureusement, Auguste Pageot fut élu en 1935 et sut prendre les décisions qui s’imposaient. Ancêtre du célèbre courant molletiste socialiste nantais, ce syndicaliste postier, député de la SFIO, a boutté l’eau hors du centre et érigé ce magnifique ruban de bitume, baptisé par anticipation Cours des 50 Otages en hommage à la mémoire du père de Gérard Hotz. Doué d’une vision anticipatrice, il vota même les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en 1940, prouvant une nouvelle fois sa détestation de la mer et de l’eau, synonymes d’inquiétantes notions d’évasion et de liberté, au profit de la terre ferme, qui, elle, comme l’a justement souligné le héros de la Grande guerre, ne « ment jamais ».

C’est ainsi que nous avons hérité de notre ville aux atours chatoyants et évité le cauchemar d’une banale et ringarde Venise de l’Ouest. La cité transalpine nous nargue avec ses concerts Vivaldi et Corelli à la Fenice. Qu’à cela ne tienne, la cité des Ducs aura ses folles journées Volfoni ! Et pour montrer notre grandeur d’âme, nous, Nantais, sommes prêts à donner en gage d’amitié ce bel escorteur amianté qu’est le Maillé-Brézé à Venise. Amarré devant la Place Saint-Marc, il donnerait tout de suite un autre cachet à la cité des Doges.

Antoine Delafoye-Grandurbain



Le cauchemar de la Venise de l'Ouest oublié, le cours des 50-Otages
brille désormais par sa lumière et sa convivialité.



NDLR : Avec près de 1000 connexions en une journée (26 février 2008), le lumineux projet d’aider les Vénitiens à combler leurs canaux, comme nos aînés ont su le faire avec les bras de Loire et l’Erdre, reçoit un incontestable soutien populaire. Fort de cela, le comité éditorial du site C’est curieux chez les marins ce beoin de faire des phrases exige la tenue d’un referendum d’initiative populaire. Le prochain maire de Nantes devra faire approuver l’envoi à Venise de spécialistes du remblaiement et de la destruction de jolis petits ponts enjambant des cours d’eau. En cas de vote négatif, il devra s’engager à recreuser le Cours des 50 otages pour y faire couler l’Erdre.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas faire injure à l'immense culture du signataire que de lui rappeler que le gouvernement auquel cet élu nantais fit allégeance trouva refuge (?) dans une ville d'eau ! Donc pas de détestation historiquement prouvée de l'élément aqueux bien que nombe de ces élus fussent, dit-on, dans un état liquide !

Anonyme a dit…

Comment ne pas souscrire à cette idée de référendum pour le comblement des canaux à Venise ? Le bourgmestre de Nantes pourrait légitimement prétendre dès lors au titre de co-Doge de la Sérénissime. Belle revanche sur le petit mais nénamoins co-prince d'Andorre.
On imagine aisément, lorsque Venise en aura terminé avec la tradition de la Fête Dieu, la statue de notre maire porté par un bataillon de majorettes le long d'un boulevard qui porterait son nom. Lequel boulevard aurait remplacé cet égoût à ciel ouvert que la population locale s'entête à appeler Grand canal quand il n'est plus guère que le gros colon d'une ville qui, faute de notables éclairés, n'est plus qu'une vieille femme qui se néglige !
Guy Léclair

Anonyme a dit…

Je vote évidemment pour ! 100 000 fois pour ! Venise, c'est la Nantes du Sud, non ?