vendredi 1 juillet 2011

Lu dans Ouest-France

Épistolaire de rien, ouvrage anonyme












Est-ce qu'il faut prendre ce livre au pied de la lettre ? Peut-on donner du crédit à un auteur anonyme ? Lequel justement publie un recueil de lettres qui ne le sont pas (anonymes). A-t-il vraiment envoyé du courrier à Jérôme Kerviel, Éric Besson, Anne Lauvergeon, Jean Sarkozy, Georges Frêche in extremis, faute d'avoir pu joindre Darwin, Einstein... ? Et autres célébrités sans poste restante ? Le dessinateur nantais Frap, illustrateur de l'ouvrage, a-t-il une idée précise de l'identité de ce plumitif ? Sinon a-t-il reçu lui aussi une lettre comminatoire pour l'obliger à se saisir de ses crayons ? Avait-il un espitolaire sur la tempe quand il a dessiné la couverture en couleur et de la main gauche ? À toutes ces questions il sera difficile de répondre.



Mais les faits sont là. On ne tombe pas sur un os en cherchant sur internet les Éditions du Pilon qui publient l'ouvrage. Sur le réseau Facebook et autres médias sociaux, un certain maître Folace, prosélyte, fait tout pour ne pas rater cette correspondance. Il en coûte onze euros pour se procurer ce recueil à la librairie Coiffard, chez Durance, ou encore au Café la Perle, sis rue du Port-au-vin, et au restaurant dit l'Atelier d'Alain à Nantes...

Renouant avec l'art du roman épistolaire qui a pour pionnier notoire l'Anglais Nicolas Breton, auteur en 1603 du célèbre ouvrage A post with a packet of mad letters et avec une période moins glorieuse, où la lettre anonyme était monnaie courante... L'auteur inconnu ferraille, polémique, distille son ironie féroce, reprend les mots terribles de Pierre Desproges « Le portugais est gai, l'Espagnol est gnol », éreinte Marguerite Duras, inflige au lecteur des refrains de Didier Barbelivien... Pire, il est capable d'imaginer un second tome alors que l'opuscule s'arrache sur Price minister.


Yves AUMONT

Épistolaire de rien,

éditions du Pilon, 11 €.

Aucun commentaire: