mardi 6 octobre 2009

Abécédaire nantais

Me Folace a dégoté ce matin un mot de billet dans la grande presse régionale de l’Ouest. Afin d’éviter trop de peine à sa famille, notre notaire préféré a jugé utile de gommer le nom de son auteur. On le comprend.


Nantes en six lettres pour nos amis saltimbanques parisiens

Petit abécédaire à l’ usage des animateurs d’Europe 1, venus de Paris, capitale
peuplée essentiellement de provinciaux et même de Bretons à Montparnasse.
Voici donc Nantes en six lettres et quelques lignes d’une parfaite mauvaise
foi à ne lire qu’à un degré au moins deuxième.

N… comme Nantes et sa devise Favet Neptunus eunti, ce qui se traduit par
« Neptune favorise ceux qui osent ». Sauf pour les accros du Jeu des milles
francs, on est rarement fier de sa devise. Bon, Nantes s’en sort finalement assez bien. Neptune rappelle que c’est un port peuplé de fiers marins aventuriers, comme le montre bien l’absence.
totale de bateaux amarrés aux quais de la Loire, sauf un bateau militaire,
le Maillé-Brézé, dont on déconseille un usage maritime, sauf pour les
nostalgiques du radeau de la Méduse. Il arrive aux Nantais d’être fiers d’être
Nantais, notamment dans les tribunes de La Beaujoire. Il n’y a pourtant pas
vraiment de quoi, tant sont lointains les derniers exploits des Canaris. Sauf en
coupe de France, mais c’est la « petite » voisine Carquefou qui jouait…

A… comme Ayrault. Connu à Paris pour être assis à la gauche de François
Hollande à l’Assemblée nationale et s’indigner des mesures gouvernementales, Jean-Marc Ayrault est beaucoup plus consensuel et souriant dans sa « bonne ville » de Nantes, cette « belle endormie » qu’il a incontestablement réveillée. A beaucoup investi dans l’art spectacle. Avec
la troupe Royal de luxe d’abord, qui a jeté son ancre dans les rues de Berlin pour fêter la chute du mur. Puis dans un gigantesque éléphant de bois, dont l’appétit va jusqu’à réserver quelques désagréables surprises sur les feuilles d’impôts. C’est que ça bouffe ces bêtes-là !

N… comme Nantais, qui aime à citer le surréaliste André Breton : « Nantes,
peut-être avec Paris, la seule ville de France où j’ai l’impression qu’il
peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine ». Maintenant, ne nous
emballons pas. Les mauvaises langues diront qu’il peut surtout
arriver une averse…

T… comme Trafic. Pour reprendre la phrase d’André Breton, on est en
revanche certain qu’à Nantes, comme à Paris, il peut vous arriver d’être en
retard si on se déplace en voiture. Les différentes municipalités ont eu
beau prendre les devants en comblant les cours de l’Erdre et de la Loire
pour éviter de faire une concurrence par trop déloyale à Venise, les
boulevards de bitume ayant bouté l’eau hors du centre-ville ne suffisent pas
à absorber le flot de bagnoles. Petit jeu amusant : regarder dans les
bouchons à 8 h 45 ceux qui se marrent tout seul. C’est généralement Schivardi
alias Canteloup qui finira bien un jour par rendre hommage aux élus ayant
décidé de chasser l’eau du cœur de Nantes !

E…. comme enfants nantais. À défaut d’être surréaliste, l’enfant nantais
est très généralement rêveur et plein d’imagination. Ses pensées filent au
gré des courants de Loire pour mettre cap au large, vers de nouveaux
horizons. Nantes a ainsi enfanté Jules Verne. Parti vivre à Amiens,
l’écrivain aura des mots irrévérencieux pour sa ville natale ("Quelques
milliers de cerveaux creux, d’une bêtise indécrottable […] de riz, sucre, un
peuple marchand, sachant bien compter son argent,"). Ingrat ! Voilà ce que
c’est quand les rêves d’enfants se brisent dans l’amer. Nantes, on peut et on doit en rire, mais vous ne pouvez pas vous imaginer comme on l’aime !

S…. comme spécialités. Limoges a sa porcelaine, Agen ses pruneaux,
Bordeaux ses grand crus, Nantes a ses p’tits Lu. Dans ma prime jeunesse, par
vent de sud, la ville devenait une immense cour de récré à l’heure du goûter
quand flottait dans l’air une délicieuse odeur de biscuit. Aujourd’hui, le
bâtiment Lu où des mains nantaises confectionnaient les biscuits accueille
un Lieu unique où le b.a.ba de tout bobo est de venir y manger ou prendre
l’apéro.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vous trouve bien optimistes quand vous qualifiez Jean-Marc Ayrault de "consensuel et souriant", et plus encore quand vous dites qu'il a "incontestablement réveillé" Nantes ! A bien des égards, il l'a plutôt hypnotisée (ou plutôt, il s'est lui-même laissé bercer par les belles paroles de bateleurs talentueux). En particulier, il faut quelque audace pour considérer les animations de rues de Royal de Luxe (si réussies soient-elles) et le maigre parc d'attraction des Machines de l'île comme des sommets culturels. Mais après tout, comme vous le rappelez, Neptune favorise les audacieux !
Sven Jelure (www.lameformeduneville.blogspot.com)

Jano a dit…

Quant à la question que nous nous posons tous, Mesdames et messieurs les Jurés, est la suivante : "Vous vous demandez, je me demande, il ou elle se demande, nous nous demandons si oui ou non, Nantes est bien en Bretagne"

CQFD
.

Jano a dit…

Hommage à un cher disparu : http://youtu.be/fLst53ppb7s