dimanche 9 octobre 2011

Mangez des pommes !

Lettre à Steve Jobs,

qui n'a même pas été capable d'inventer le Minitel à couper le beurre breton...





Ainsi, Dieu serait mort ! En 2011, en France, ici et maintenant, c'est un journal fondé par des maoistes qui vient pleurer en Une la disparition de la 110e fortune mondiale, bâtie notamment sur la surexploitation d'ouvriers chinois.



La boucle est bouclée.





Sur un fond noir jeté à l'encre de Chine, la pomme pleure sur son pauvre sort. Comme dit l'autre, en prenant Libé ce petit matin là, on avait le bonheur d'avoir à la fois les mains sales et une certaine nausée...



Et qui est donc cette divinité numérique des temps modernes tant vénérée par une génération mieux inspirée un printemps de 68 ? Un certain Steve Jobs, " génial " inventeur du Macintosh en 1984. George Orwell avait prédit bien des catastrophes pour 1984, mais pas ce terminal au nom ridicule, que l'on croirait sorti d'un film en technicolor où Louis de Funès chercherait dans les brumes d'un hamam un improbable parachutiste britannique aux larges moustaches.



Mais le scandale n'est pas là. Il est une nouvelle fois dans l'inculture crasse d'une élite à la mémoire fielleusement sélective. Car enfin, Quelle révolution a précédé de deux ans celle du fameux Mac ? Qui a eu la géniale intuition de l'information numérisée livrée à domicile, aussi sûrement que la bouteille de lait ou le journal ?



Même le plus obscur informaticien albanais a la réponse : le minitel ! Ce chef d'oeuvre du design, né du génie français de Jean-Yves Pouchard. Enfin, est-ce bien lui le vrai père du Minitel ? De toute manière, comme le faisait justement remarquer le fils du taulier du garage Rochard : " On dit le père, on dit toujours le père ". Ajoutons donc Bernard Marti et Jean-Paul Maury parmi les heureux géniteurs bretons du Minitel.



Quoi qu'il en soit, où étaient nos anciens mao le jour du décès du brillant ingénieur breton ? Ni choux fleur, ni cornemuse en Une de Libé ! L'oubli et la fosse commune médiatique ont accompagné le Mozart de la télématique, loin du concert de louanges réservé au démon américain.





Et pourtant, quel chef d'oeuvre ce Minitel ! Souvenez-vous, 36 15 kinenveu de l'indispensable François Morel. Ou encore 36 17 Verif, où tout bon citoyen français pouvait jeter un oeil sur les comptes de la PME du voisin, avant de le dénoncer, comme il se doit, aux contributions directes et indirectes. Sans oublier la déclinaison rose du minitel, lorsque nos si belles entrées de ville voyaient fleurir des affiches 4X3 aux couleurs ou plus sûrement d'Ulla ou de Natacha.



Les gérants d'hôtels se souviennent encore des notes extravagantes laissées par des clients hypnotisés par la plastique des Lolo Ferrari du minitel. De bien belles fausses blondes, aux airbags russeliens. " Au moins, à l'époque, nos clients ne sautaient pas sur les femmes de ménage", se souvient Fernand Naudin, qui préside aux destinées du Sofitel Manhattan de Créteil.


Nul besoin de poursuivre la démonstration plus en avant. La démesure de l'hommage à Steve Jobs est évidente, lui qui n'a pas su à temps créer une application I cancer ou I cercueil.

Les autorités publiques françaises, dont on ne dénoncera jamais assez le fourvoiement, ont choisi de brader une nouvelle fois le patrimoine technologique français en programmant le " suicide " du minitel le 30 juin 2012. C'est encore Mozart qu'on assassinera !

Peuple de France, levons nous pour défendre le Minitel. Et mangeons des pommes !

Me Folace