jeudi 4 juin 2009

Ils ont inventé les plus belles lois


Si les Ricains n’étaient pas là…
Michel Sardou avait pourtant lancé ce cri d’alarme et de reconnaissance dans les années 70, mais nous étions trop occupés à refaire le monde et à chanter « Imagine » pour ne voir dans ce chant atlantiste autre chose que de la ritournelle franchouillarde pour jeunes militants d’Occident au crane rasé.
Bien mal nous en pris. Les mauvaises herbes du jardin de l’observatoire pousssaient déjà dans l’Eden mitterrandien. C’était le Bousquet ! Et les jeunes pousses de l’extrême-droite prenaient les habits respectables d’un libéralisme anglo-saxon où il est interdit d’interdire, surtout pas les super-profits et la finance folle.
Bref, on se préparait joyeusement et inconsciemment à tomber par terre sans relire Voltaire, le nez dans le ruisseau en récitant du Rousseau. Et puis il y a eu Reagan, Bush et ses boucheries, sans oublier la Miss Thatcher, la pire des pires, à la barre du porte-avions avancé des USA qu’est la Grande-Bretagne.
Alors me direz-vous, pourquoi s’interroger à nouveau en chantant « Si les Ricains n’étaient pas là » ? Pourquoi ? Bah je vais vous le dire ! Tout simplement parce qu’avant de débarquer sur nos belles plages de Normandie, les Ricains ont inventé le surréalisme avec un grand S. Et qui plus est dans leur code pénal ! Ce détail rend la chose encore plus amusante…
Pendant que nous nous perdons en débats interminables sur les moyens et les missions de l’Education nationale, l’Arkansas pose avec pertinence la seule règle qui vaille : « Les professeurs qui se coiffent au carré renoncent à leurs augmentations de salaire ». En voilà une idée qu’elle est bonne ! On fait une coupe au bol à tous les profs, et le mamouth dégraisse et fond à vue d’œil…
A San-Francisco, il est illégal de nettoyer sa voiture avec des sous-vêtements usagés. Bon, j’entends dejà les vierges effarouchées et droitdelhommistes entonner le grand air de la privation de liberté. Que nenni ! Mais enfin, nos amis américains n’ont fait que coucher par écrit une règle élémentaire d’hygiène publique. Imaginez une seule seconde les rues de nos sous-préfectures et autres villes de garnisons polluées du spectacle dégradant de citoyens nettoyant leur twingo à coup de playtex et de petits bateaux (mais grands mâts !).
Prenons un autre exemple : Dans l’Indiana, il est illégal de faire payer pour assister à la représentation d'un pianiste manchot. C’est tout de même la moindre des choses, et de facheux précédents démontrent que notre vieux pays ferait bien de s’inspirer du lumineux exemple américain. Savez-vous qu’en France, ici et maintenant, on entasse de vieilles personnes dans des cars pour les emmener de force écouter Plastic Bertrand ou Richard Anthony. D’accord, la vieillesse est un naufrage, mais de là à sombrer dans l’abyme d’une variété française où Hugues Aufray est paré des ornements d’un Bob Dylan du pauvre, où Chantal Goya nous bécassine les oreilles, alors qu’elle ferait mieux de siffler « Varices, c’est pas fini… », il y a un pas à ne pas franchir.
Chicago fait encore plus fort : les personnes malades, laides, handicapées, ou déformées au point d'être repoussantes, n'ont pas le droit de sortir en ville. Là, c’est du lourd. Enorme ! On frôle même l’incident diplomatique. Autant dire que le Royaume-uni est interdit de séjour. Là bas, Le Prince de Galles et sa Camilla, sans oublier la Queen et ses chapeaux tomberaient illico presto sous le coup de la loi. Et je ne parle pas de Martine Aubry ni de Fredéric Lefebvre…

Bon, quelques dernières lois ricaines pour la route : Au Michigan, les dentistes entrent dans la même catégorie socio-professionnelle que les garagistes ; À Providence, il est illégal de vendre du dentifrice et une brosse à dents au même client un dimanche ; Au Tennessee, ll est illégal de pêcher au lasso ; A Washington, il est illégal de prétendre que ses parents sont riches.
N’en jetez plus ! La plus vieille démocratie du monde montre sa supériorité législative et pénale. Si les Ricains n’étaient pas là, on pêcherait tous au lasso et on raconterait vivre de rentes et d’héritages astronomiques, tout en se brossant les dents le jour du seigneur avec un dentifrice neuf et fraîchement acheté. En clair, on ne jouirait pas des libertés fondamentales. Il fallait que cela soit dit !

Marcel Botafoin